Gon Coulibaly est mort, mais Ouattara n’est toujours pas éligible

kouamouo
2 min readJul 8, 2020

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La terrible nouvelle est tombée. Le Premier ministre de Côte d’Ivoire, Amadou Gon Coulibaly, fidèle parmi les fidèles d’Alassane Ouattara, n’est plus. Saura-t-on un jour si le calendrier politique, en précipitant son retour au pays alors que son état de santé ne s’y prêtait pas, a finalement eu raison de lui ? Déjà, le temps n’est plus aux conjectures. Au RHDP, on s’efforce d’essuyer ses larmes et on pense déjà au coup d’après. A la présidence de la République, aussi, forcément.

La question est dans toutes les têtes. Maintenant que son dauphin n’est plus, Alassane Ouattara se remettra-t-il dans la course à la magistrature suprême ? Parmi ses partisans, certains l’espéraient même du vivant de Gon Coulibaly. Surtout depuis l’annonce de la candidature de l’ancien président Henri Konan Bédié, monstre sacré de 86 ans qui, comme Ouattara et Gbagbo, cristallise les passions et le “revanchisme” à l’ivoirienne.

Alassane Ouattara, qui avait vendu un passage du témoin aux nouvelles générations, et s’était vu féliciter par Emmanuel Macron et tous ceux qui, à l’international, tenaient un élément de langage pour vanter la “modernité” de la geste politique du numéro un ivoirien. Lequel n’a réussi ni la réconciliation ni la démocratisation de son pays.

Maintenant que Bédié a remis en cause l’alternance générationnelle, et que Gon Coulibaly est empêché, Ouattara est face à deux possibilités. Soit choisir ou laisser son parti choisir un autre cheval — Hamed Bakayoko, Marcel Amon Tanoh par exemple -, soit se présenter lui-même.

On peut parier sans risque de se tromper sur le fait que tous ceux qui “mangent” grâce à lui préfèreront la deuxième hypothèse. Mais il est important de rappeler qu’elle est illégale, et porteuse des plus grands risques. Selon l’esprit et la lettre de la Loi fondamentale ivoirienne, il ne peut pas faire un troisième mandat à la tête du pays. Bien entendu, il vient de nommer de nouveaux conseillers constitutionnels, lesquels pourront tordre le cou au droit pour son bon plaisir. Mais un tel jeu mettrait en péril la paix. D’autant plus que face à lui se trouverait son vieil ennemi, Henri Konan Bédié. Une sorte de vieux règlement de compte, qui pourrait précipiter le pays d’Houphouët-Boigny dans le chaos.

Théophile Kouamouo

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Journaliste @lemediatv